Bernard de Clairvaux - Un certain cantique, seule l’expérience nous l’enseigne
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Mais il y a un cantique qui, par sa singulière dignité et douceur, surpasse à bon droit tous les cantiques que nous avons rappelés, et même tous les autres. Et je l’appellerai à juste titre le Cantique des Cantiques, parce que c’est lui qui est le fruit de tous les autres. Un tel cantique, seule « L'onction de l’Esprit nous l’apprend », seule l’expérience nous l’enseigne. Ceux qui en ont l’expérience, qu’ils le reconnaissent ; ceux qui n'ont pas cette expérience, qu’ils brûlent du désir, non tant de connaître que d’expérimenter. Ce n’est point un bruit sorti de la bouche, mais une jubilation du cœur, ni un son produit par les lèvres, mais un mouvement de joie ; un concert des volontés, non des voix (voluntatum, non vocum consonantia). « On ne l’entend pas au dehors », car il ne retentit pas en public. Seuls l’entendent celle qui le chante et celui pour qui il est chanté, c’est-à-dire l’Époux et l’épouse. C’est vraiment un chant nuptial, qui exprime les chastes et joyeuses étreintes des esprits, l’harmonie des mœurs, l’amour réciproque dans l’accord des sentiments. (Sources Chrétiennes, n° 414, p. 77) |
Sed est canticum, quod sui singulari dignitate et suavitate cunctis merito quae memoravimus, et si qua sunt alia, antecellit : et iure hoc appellaverim «Canticum canticorum», quia ceterorum omnium ipsum est fructus. Istiusmodi canticum sola unctio docet, sola addiscit experientia. Experti recognoscant, inexperti inardescant desiderio, non tam cognoscendi quam experiendi. Non est strepitus oris, sed iubilus cordis; non sonus labiorum, sed motus gaudiorum; voluntatum, non vocum consonantia. Non auditur forisb, nec enim in publico personat : sola quae cantal audit, et cui cantatur, id est sponsus et sponsa. Est quippe nuptiale carmen, exprimens castos iucundosque complexes animorum, morum concordiam, affectuumque consentaneam ad alterutrum caritatem.
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