Descartes (sur)

On ne soulignera jamais assez l’impact de cette « révolution copernicienne » avant l’heure, symétrie inversée de la révolution héliocentrique opérée au temps de Galilée : l’homme, rejeté aux périphéries du système solaire, se trouvait promu au centre de la science. Si cette « invention du sujet » ne fut pas de génération spontanée, si elle fut préparée de longue date, à partir du XIVème siècle de Jean Duns Scot et de Guillaume d’Ockham, c’est avec Descartes cependant que débute le monde moderne : avec l’invention de l’autonomie. Par la découverte du sujet, je ne dis pas l’individu ni la subjectivité plurielle, mobile et variable de chacun, mais le sujet pensant et rationnel auquel participe chacun, homme ou femme, roi ou manant, la philosophie cartésienne signe l’émergence moderne du Moi, producteur de sa propre législation.

(François-Xavier Putallaz, La philosophie sans prise de tête, 2020, p. 145)

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Kant (sur)

L’héritage du passé est lourd, puisque Kant est tributaire de la problématique de l’idéologie chrétienne lorsqu’il la conteste en théologie, mais la prolonge en métaphysique. Il reste fondamentalement fidèle à la métaphysique de l’essentialisme inauguré par Suarez et Descartes, y compris lorsqu’il en prend le contre-pied face à Hume. 

(...)

Kant était ockhamiste lorsqu’il critiquait la théologie catholique et idéologue lorsqu’il prétendait réfuter l’agnosticisme religieux, en lui opposant l’idéologie pratique de sa philosophie religieuse.

La mystique déracinée. Drame (moderne) de la théologie et de la philosophie chrétiennes (XIIIe-XXe siècle), Jean Krynen, 2021

Source : https://books.openedition.org/putc/10407?lang=fr

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