Hans Urs Von Balthasar - Confusion peuple de Dieu / démocratie

Prenons encore la déformation du concept conciliaire de « peuple », traduit par « démocratie », ce qui entraîne la perte des racines christologiques de l’obéissance ecclésiale. Si la communio hierarchica des évêques, mais aussi celle de chaque chrétien, n’est pas comprise et vécue comme l’expression de la sequela Christi, tout est vain. Et, parallèlement, aucune conduite pastorale au sens catholique du terme n’est possible si elle a pour but non pas le Corps et l’Épouse du Christ, mais un peuple d’Église à la conscience démocratique.

Hans Urs Von Balthasar, Henri de Lubac, Entretiens sur l'Eglise, recueillis par Angelo Scola, Cerf, 2022, p. 30

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Hans Urs Von Balthasar - Faire trouver le Christ ne passe pas par la transformation de structures d'Eglise

De sorte que la seule question que l’Église devrait se poser aujourd’hui est la suivante : à quoi devrais-je ressembler pour que les hommes puissent à travers moi trouver le vrai Christ ? La réponse ne réside évidemment pas dans la transformation de structures d’Église, dont on ne s’occupe malheureusement que trop, mais bien dans la manière dont l’Église peut devenir dans son existence une référence unique au Christ, ce qu’elle est déjà depuis sa fondation, et objectivement par sa constitution intérieure elle-même. Personne ne se convertira jamais au Christ parce qu’il y a un magistère, parce qu’il y a des sacrements, un clergé, un droit canon, des nonces aposto­liques, un gigantesque appareil d’Église. Mais tout au plus parce qu’on aura rencontré un catholique dont la vie et l’exemple auront fait apparaître à l’évidence que c’est précisément dans le domaine catholique que se trouve une manière, non : la manière crédible de suivre le Christ. Alors celui qui cherche le Christ s’accom­modera de l’Église. Le Concile a dit cela en deux endroits avec la plus grande clarté,... etc.

Hans Urs Von Balthasar, Henri de Lubac, Entretiens sur l'Eglise, recueillis par Angelo Scola, Cerf, 2022, pp. 25-26

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Joseph Ratzinger - Le vrai problème de l'humanité : Dieu disparaît de l'horizon des hommes

  • A l'extérieur comme à l'intérieur de l'Eglise

La première priorité pour le Successeur de Pierre a été fixée sans équivoque par le Seigneur au Cénacle : « Toi… affermis tes frères » (Lc 22, 32). Pierre lui-même a formulé de façon nouvelle cette priorité dans sa première Lettre : « Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1 P 3, 15). À notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter, la priorité qui prédomine est de rendre Dieu présent dans ce monde et d’ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Non pas à un dieu quelconque, mais à ce Dieu qui a parlé sur le Sinaï ; à ce Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour poussé jusqu’au bout (cf. Jn 13, 1) – en Jésus Christ crucifié et ressuscité. En ce moment de notre histoire, le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein.

Conduire les hommes vers Dieu, vers le Dieu qui parle dans la Bible: c’est la priorité suprême et fondamentale de l’Église et du Successeur de Pierre aujourd’hui. (...)

Durant les jours où il m’est venu à l’esprit d’écrire cette lettre, (...) j’ai dû interpréter et commenter le passage de Ga 5, 13-15. 

"Que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme; au contraire mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi atteint sa perfection dans un seul commandement, et le voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres !

J’ai toujours été porté à considérer cette phrase comme une des exagérations rhétoriques qui parfois se trouvent chez saint Paul. Sous certains aspects, il peut en être ainsi. Mais malheureusement ce "mordre et dévorer" existe aussi aujourd’hui dans l’Église comme expression d’une liberté mal interprétée. Est-ce une surprise que nous aussi nous ne soyons pas meilleurs que les Galates ? Que tout au moins nous soyons menacés par les mêmes tentations ? Que nous devions toujours apprendre de nouveau le juste usage de la liberté ? Et que toujours de nouveau nous devions apprendre la priorité suprême : l’amour ? Le jour où j’en ai parlé au grand Séminaire, à Rome, on célébrait la fête de la Vierge de la Confiance. De fait : Marie nous enseigne la confiance. Elle nous conduit à son Fils, auquel nous pouvons tous nous fier. Il nous guidera – même en des temps agités. Je voudrais ainsi remercier de tout cœur tous ces nombreux Évêques, qui en cette période m’ont donné des signes émouvants de confiance et d’affection et surtout m’ont assuré de leur prière. Ce remerciement vaut aussi pour tous les fidèles qui ces jours-ci m’ont donné un témoignage de leur fidélité immuable envers le Successeur de saint Pierre. Que le Seigneur nous protège tous et nous conduise sur le chemin de la paix ! C’est un souhait qui jaillit spontanément du cœur en ce début du Carême, qui est un temps liturgique particulièrement favorable à la purification intérieure et qui nous invite tous à regarder avec une espérance renouvelée vers l’objectif lumineux de Pâques.

(En 2009 : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/letters/2009/documents/hf_ben-xvi_let_20090310_remissione-scomunica.html)

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