Bautain (Louis)

Il y eut aussi en ces temps, des docteurs célèbres, des hommes d’une intelligence rare, d’un esprit puissant, tels que S. Anselme, S. Thomas-d’Aquin, appelé à juste titre l’ange de l’école, et plu­sieurs autres. Ces hommes prirent souvent un élan hardi, soutenus qu’ils étaient par les ailes de la foi ; mais l’attirail logique dont ils étaient obligés de se charger, les rabattait bientôt à terre et ils furent for­cés de se traîner péniblement, à travers la syllogis­tique, pour arriver à présenter le rapport d’une vérité à une autre sous la forme d’une conclusion ration­nelle. Du reste, on abusa tant des Ecritures sacrées et des sentences, que la raison, après les avoir long­temps exploitées comme la mine de ses argumens, voyant qu’elle en pouvait tirer tout ce qu’elle voulait parce qu’elle l’y mettait, s’en dégoûta et se mit à chercher des principes ailleurs. (Philosophie du Christianisme, 1835, Tome 2, pp. 13-14)

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Bautain (Louis)

Que faudrait-il pour remédier à un mal aussi grave, aussi profond ? Rien moins qu’un coup de Providence pour désabuser la théologie rationnelle de l’illusion de sa puissance et de ses arguments. Il faudrait dans les écoles chrétiennes des études préparatoires plus fortes et plus variées, suivies d’un enseignement philosophique qui ne soit plus déiste ni païen, mais religieux et vraiment chrétien. Il faudrait une métaphysique basée non sur la no­tion vague et indéfinie de l’être en général, mais sur la foi au Principe universel tel que le symbole chrétien le propose, sur la foi au Dieu unique, au Dieu père, Fils et Esprit ; car, et je vous engage à bien re­marquer ceci, si vous n’admettez pas avec l’idée du Un absolu, celle de son éternelle génération en lui-même, vous n’aurez jamais qu’une métaphysique panthéistique. Dieu sera toujours pour vous l’âme du monde, l’esprit du monde ; le monde sera toujours le corps ou la forme de Dieu, l’accident de la subs­ tance divine, l’existence de l’être Dieu, son émana­tion, son évolution, etc. (Philosophie du Christianisme, 1835, Tome 2, p. 93)

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