Sartre - Je n'ai pas eu de père... L'illusion de la toute-puissance négative
Sartre, sur son absence de père et les conséquence de cela sur sa conception de la liberté. On pourra noter que Sartre, s'il affirme avoir tiré du bien du fait qu'il n'a pas eu de père, ne réalise pas que son père lui a donné quelque chose du fait même de son absence. Cette absence a contribué au développement d'une conception de la liberté presque sans limite, prétendûment sans détermination extérieure, entièrement tournée vers l'auto-détermination... Quand l'indétermination détermine !
Source : Chemins de la philosophie, le 9 janvier 2018, à 49"40, Épisode 2 : L’homme est-il condamné à être libre ?
Sur la paternité chez Sartre, voir aussi dans Les Mots, Gallimard, 1964, p. 11. Le livre paraît un an avant l’acte d’adoption d'Arlette Elkaïm. :
Il n’y a pas de bon père, c’est la règle ; qu’on n’en tienne pas grief aux hommes mais au lien de paternité qui est pourri. Faire des enfants, rien de mieux ; en avoir, quelle iniquité ! Eût-il vécu, mon père se fût couché sur moi de tout son long et m’eût écrasé. Par chance, il est mort en bas âge ; au milieu des Enées qui portent sur le dos leurs Anchises, je passe d’une rive à l’autre, seul et détestant ces géniteurs invisibles à cheval sur leurs fils pour toute la vie ; j’ai laissé derrière moi un jeune mort qui n’eut pas le temps d’être mon père et qui pourrait être, aujourd’hui, mon fils. Fut-ce un mal ou un bien ? Je ne sais ; mais je souscris volontiers au verdict d’un éminent psychanalyste : je n’ai pas de Sur-moi.
Voir l'article Sartre et le fantôme du Père, Alexis Chabot
Voir les très intéressants contre-exemples manifestes de Verstapen, Sainz et Hamilton.
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