Max Weber - Le primat de l'efficacité et de l'action chez Calvin

La faute vraiment condamnable d’un point de vue moral était de se reposer sur ses possessions, de jouir de ses richesses et de tomber ainsi dans l’oisiveté et les plaisirs charnels, et surtout d’être détourné de l’aspiration à une vie « sainte ». Ce n’est que dans la mesure où la possession recelait un tel péril qu’elle était réprouvée. Le « repos éternel du saint » était dans l’au-delà ; sur terre, en revanche, l’homme devait, pour s’assurer de son état de grâce, « exécuter jusqu’à la tombée du jour les œuvres de celui qui l’avait envoyé ». Seule l’action, et non l’oisiveté et la jouissance, permettait d’augmenter la gloire de Dieu, selon la volonté qu’il avait révélée sans équivoque possible. Dilapider son temps était donc le premier et le plus grave des péchés. Le temps de la vie était infiniment bref et précieux pour qui voulait « conforter » sa propre vocation. La perte de temps induite par la sociabilité, les « vains bavardages », le luxe, et même par un sommeil plus long qu'il n’était nécessaire pour être en bonne santé — entre six et huit heures tout au plus —, étaient absolument répréhensibles d’un point de vue moral. (L'éthique protestante et l’esprit du Capitalisme, pp. 254-255).

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