F.-X. Putallaz - Sur la liberté chez Sartre

On comprend l’erreur qu’il y aurait à soutenir, avec Jean-Paul Sartre, que « l’homme est sa liberté ». Pour « être sa liberté », c’est-à-dire pour choisir son essence, il faudrait que la réalité humaine (on ne dit même plus « l’homme ») ne fut rien, afin qu’elle puisse devenir tout : il ne doit pas y avoir de « nature humaine », puisque toute nature porterait un coup fatal à l’absolue liberté. 

Cette conception existentialiste induit des conséquences considérables, dont la moindre n’est certainement pas la conviction partagée par Simone de Beauvoir selon laquelle « on ne naît pas femme, on le devient », avec ses innombrables ramifications dans certaines théories du genre, lesquelles voient dans la nature un obstacle à la liberté ou au libre choix. (L'Âme humaine, p. 722)

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Gabriel Marcel - Sartre ne dit rien sur l'amitié

En ce qui concerne le nous-sujet authentique, celui de l’amour ou de l’amitié, il faut avouer que la pensée de Sartre se révèle radicalement agnostique, voire nihiliste. (L’Existence et la liberté humaine chez Jean-Paul Sartre, Paris, Vrin, 1981, p. 69, cité in « Revue de la BNF » 2014/3 n° 48, p. 60).

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Gabriel Marcel - Sartre ne dit rien sur l'amour

A l’origine, j’ai honte devant tel être déterminé qui a pour moi un prestige, qui a sur moi un ascendant ; devant un esclave traité comme esclave, sans doute n’aurais-je aucunement honte. On prétendra peut-être que si la honte ici fait défaut, c’est que l’esclave n’est pas réel­lement considéré comme quelqu’un d’autre : mais jus­ tement pourquoi ne l’est-il pas ? Il me regarde pour­ tant, lui aussi. Ne serait-ce pas que l’altérité dans sa pureté est chargée d’une valeur que l’analyse paraît ici ignorer ? Là est sans doute la raison pour laquelle nulle part, semble-t-il, l’auteur ne parvient, je ne dis pas même à rendre compte de l’amour, mais à le pen­ser, alors que sur la sexualité, et particulièrement sur la caresse, il apporte les précisions les plus perti­nentes. On pourrait dire que sa pensée prend d’autant plus de force, de corps, qu’elle s’appuie elle-même davantage sur le corps, (Homo viator, Association Présence de Gabriel Marcel, 1998, p. 234).

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