Descartes (sur) - Une morale de l’intention et du choix

La morale cartésienne apparaît comme une morale de l’intention. Mais nous sommes fort loin du kantisme. Descartes valorise l’intention parce que, d’une part, la connaissance objective et certaine des fins à poursuivre est impossible, parce que, d’autre part, ce qui a le plus d’être en nous est la volonté qui choisit. La direction de cette volonté selon l’idée du Bien (et non selon la connaissance du Bien, qui nous est inaccessible) sera donc pour nous la suprême valeur.

(Ferdinand Alquié, Descartes, l'homme et l'œuvre, 1956, chap. 5)

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François Noudelmann - Quand le philosophe proclame sa défaite à l'égard du vrai

Que Sartre ait été sincère ou non importe beaucoup moins que la tension entre ses différents moi, ses désirs et ses devoirs, les représentations contrastées de lui-même dans ses rapports aux autres. La morale kantienne dût-elle en souffrir, l’intention des individus demeure insondable et peu importe qu’elle soit bonne ou mauvaise, car nous ne connaissons jamais vraiment les raisons qui nous poussent à agir. Seul l’acharnement continuel de Sartre à traquer sa mauvaise foi nous conduit à penser qu’il ne fut pas un tricheur cynique, mais là n’est pas la question. Quant à la pertinence et à la vérité de ses analyses politiques, elles relèvent aussi d’un autre débat pour savoir si Sartre a eu tort ou raison, ou s’il a eu raison d’avoir eu tort. Les critères de vérité changent avec les époques et les jugements rétrospectifs n’échappent pas aux partis pris. (Un autre Sartre, chap. Une autre politique de l'existence, Gallimard, 2020)

Incroyable défaite d’une philosophie de la liberté ! Ils ont complètement perdu de vue qu’il était possible de suffisament se dégager du conditionnement pour saisir la fin et ainsi commencer d’être libre !

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Simone de Beauvoir - Interview à Radio Canada, 1959

[Tout le passage regorge d'absurdités...]

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Quelle sont les valeurs que vous reconnaissez à l’homme ?

L’homme lui-même. Nous pensons, et c’est un des points les plus importants de l’existentialisme, que l’homme est la raison d’être de l’homme, son avenir et la fin-même de toutes ses activités, c’est à dire que nous trouvons bien tout ce qui sert aux intérêts et au bonheur et au développement de l’homme et mauvais tout ce qui va contre. C’est là la base absolument fondamentale de notre éthique ou même notre morale.

Alors, il est à la fois sa cause et sa fin ?

Peut-être pas sa cause mais certainement sa fin, mettons sa raison d’être.

Alors, sa cause ?

C’est une question métaphysique que je ne suis pas apte ici à résoudre. L’homme est là, nous ne posons pas les questions métaphysiques pas plus que bien des philosophes depuis Kant, ils ont décidé de ne pas la poser, nous sommes là, et ce qui nous intéresse c’est de savoir que faire de nous.

Maintenant, dans la conception du monde de cet homme existentialiste, Dien n’est pas présent…

Pas dans l’existentialisme sartrien, dans l’existentialisme de M. Gabriel Marcel oui. Mais dans l’existentialisme de Sartre, il n’y a pas de Dieu, nous sommes des athées.

Alors qu’est-ce qui fait que l’homme accepte de vivre, accepte de poser des gestes, qu’est ce qui dirige ses gestes ?

C’est le souci des autres hommes en grandes parties, le souci de son propre bonheur, les deux étant liés de manière à peu près inextricable parce que je crois que chacun est lié à tous et personne ne peut se réaliser sinon à travers et avec les autres, rien n’est fait de valable pour et par les autres sinon à partir de quelque chose qu’on a également profondément ancré en soi-même.

[Ce qui est très étonnant, c'est qu'elle ne répond pas réellement à la question, excepté "le souci des autres" qui reste même là assez vague. Les deux autres réponses qu'elle donne sont "le souci de son propre bonheur" et "quelque chose qu'on a profondément ancré en soi-même", ce qui ressemble sérieusement à une réponse de quelqu'un qui ne peut répondre. Le "souci" et "quelque chose ancré en soi" ne disent rien de ce qui rend l'homme réellement heureux. Et pour cause puisque tout doit rester ouvert, tout doit être possible, tout doit être objet de liberté. Ce qu'on déterminerait en donnant une réponse minerait le principe de liberté absolue... Elle dit à la fin : "Il n'y a pas de nature humaine..." et donc pas de fin propre à cette nature. Tout est maléable, du début jusqu'à la fin... ]

Les mots de bien et de mal, qu’est-ce qu’ils signifient pour vous ?

Je viens de vous dire que nous trouvons bien tout ce qui d’une certaine façon sert l’homme, sert d’abord ses besoins, son bonheur, sa liberté, le développement de sa vie et nous trouvons mal tout ce qui entrave cela.

(…)

Dans un autre contexte vous avez dit que l’amour était le renoncement de toute possession, ce qui semble contredire…

Quand est-ce que j’ai dit ça ?

Je crois que c’est dans Le deuxième sexe.

Peut-être.

Est-ce que vous acceptez ce…

Euh… Je pense qu’aimer c’est ne pas vouloir posséder, en effet, je pense qu’aimer c’est vouloir créer avec un autre être des liens qui ne sont pas des liens de possession au sens où on possède, je ne sais pas moi, les vêtements qu’on porte ou ce qu’on mange.

Mais la jalousie est quand même un fait…

Ah oui.

Est-ce que nous ne sommes pas tous jaloux un jour ou l’autre, même vos propres héros sont jaloux ?

Bien sûr !

Est-ce que la jalousie ne contredit pas un peu cette idée que vous avez de l’amour ?

Il y a tant de formes d’amour, tant d’espèces de jalousie. Il y a des jalousies qui sont mesquines, il y a des jalousies qui sont très hautes, il y a toutes espèces de jalousie, il y en a qui sont possessives, il y en a qui sont encore tout à fait autre chose, il y en a qui sont simplement des compensations parce qu’on sent plus ou moins qu’on est en train de rater quelque chose dans son existence, alors à ce moment-là, on reporte tout sur l’amour et sur l’être aimé. En principe, je ne pense pas que la jalousie, dès qu’elle prend une forme un peu violente, donc un peu morbide, soit un sentiment qui enrichisse beaucoup. Ceci dit, il y a une liaison très nette de la jalousie à l’amour et quand on veut créer un rapport singulier, exceptionnel avec un être, ce rapport se trouve nié si cet être s’allie avec quelqu’un d’autre. Je ne suis pas contre la jalousie, mais je ne pense pas que ce soit la forme la plus vraie et la plus haute de l’amour.

(...)

Il n'y a pas de nature humaine...

 

 

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