François Noudelmann - Quand le philosophe proclame sa défaite à l'égard du vrai

Que Sartre ait été sincère ou non importe beaucoup moins que la tension entre ses différents moi, ses désirs et ses devoirs, les représentations contrastées de lui-même dans ses rapports aux autres. La morale kantienne dût-elle en souffrir, l’intention des individus demeure insondable et peu importe qu’elle soit bonne ou mauvaise, car nous ne connaissons jamais vraiment les raisons qui nous poussent à agir. Seul l’acharnement continuel de Sartre à traquer sa mauvaise foi nous conduit à penser qu’il ne fut pas un tricheur cynique, mais là n’est pas la question. Quant à la pertinence et à la vérité de ses analyses politiques, elles relèvent aussi d’un autre débat pour savoir si Sartre a eu tort ou raison, ou s’il a eu raison d’avoir eu tort. Les critères de vérité changent avec les époques et les jugements rétrospectifs n’échappent pas aux partis pris. (Un autre Sartre, chap. Une autre politique de l'existence, Gallimard, 2020)

Incroyable défaite d’une philosophie de la liberté ! Ils ont complètement perdu de vue qu’il était possible de suffisament se dégager du conditionnement pour saisir la fin et ainsi commencer d’être libre !

Vérité, Intention, Kant