Alain Finkelkraut - La pensée chrétienne, une source même pour un athée
Je me nourris de la pensée chrétienne car elle ne se laisse pas réduire à sa promesse. (Le Figaro, 2022-10-27, p. 16)
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Je me nourris de la pensée chrétienne car elle ne se laisse pas réduire à sa promesse. (Le Figaro, 2022-10-27, p. 16)
Alors j’ai raisonné avec Aristote ; j’ai voulu refaire mon entendement avec Bacon ; j’ai douté méthodiquement avec Descartes ; j’ai essayé de déterminer avec Kant ce qu’il m’était possible et permis de connaître; et le résultat de mes raisonnemens, de mon renouvellement, de mon doute méthodique et de ma critique, a été que je ne savais rien, et que peut-être je ne pouvais rien savoir. Je me suis réfugié avec Zénon dans mon for intérieur, dans ma conscience morale, cherchant le bonheur dans l’indépendance de ma volonté ; je me suis fait stoïcien. Mais ici encore je me suis trouvé sans principe, sans direction, sans but et de plus sans nourriture et sans bonheur, ne sachant que faire de ma liberté et n’osant l’exercer de peur de la perdre. (…) Dégoûté des doctrines humaines, doutant de tout, croyant à peine à ma propre raison, ne sachant que faire de moi et des autres au milieu du monde, je périssais consumé par la soif du vrai, dévoré par la faim de la justice et du bien et ne les trouvant nulle part ! — Un livre m’a sauvé ; mais ce n’était point un livre sorti de la main des hommes ! Je l’avais longtemps dédaigné et ne le croyais bon que pour les crédules et les ignorants. J’y ai trouvé la science la plus profonde de l’homme et de la nature, la morale la plus simple et la plus sublime à la fois. J’ai lu l’évangile de Jésus-Christ avec le désir d’y trouver la vérité : et j’ai été saisi d’une vive admiration, pénétré d’une douce lumière, qui n’a pas seulement éclairé mon esprit, mais qui a porté sa chaleur et sa vie au fond de mon âme. Elle m’a comme ressuscité ! (La Morale de l'Évangile comparée à la morale des philosophes, 1827, pp. 74-75)
Nous sommes ici, avec la théologie luthérienne du péché originel, au cœur, ou plutôt au principe, au point de départ germinal de l'athéisme moderne. Par sa doctrine du péché originel Luther a porté une condamnation radicale sur la nature humaine, en ses forces vives : la raison, l'action, la liberté.
Le Concile de Trente a rejeté la conception luthérienne du péché originel, avec tous ses corollaires : corruption radicale de la nature humaine, négation de la liberté humaine, incapacité de l'homme à coopérer à l'œuvre de la sanctification, etc. Le premier Concile du Vatican, en 1870, a rejeté l'irrationalisme et le fidéisme qui s'étaient développés, dans la philosophie allemande et française, à la suite de Luther.
Il n'en reste pas moins que, depuis le XVIIIe siècle, l'influence de la pensée luthérienne a été considérable dans la conscience chrétienne. La chrétienté a été tellement pénétrée par les thèses luthériennes, malgré l'opposition de l'orthodoxie, que, du dehors, ceux qui observent et jugent le christianisme, l'aperçoivent et le comprennent comme un christianisme luthérien.
Ce que, surtout depuis les grandes polémiques du XVIIIe siècle, les adversaires les plus violents du christianisme entendent par christianisme, c'est, il suffit de les lire pour s'en rendre compte, le christianisme de type luthérien. Ce que, depuis le XVIIIe siècle, la conscience moderne rejette, vomit, c'est le christianisme luthérien, celui qui professe que la nature humaine est radicalement corrompue, que la raison est impuissante, qu'il faut s'en remettre à la foi, qui est aveugle, et opposée à la raison ; que l'action humaine n'est pas créatrice ; que la morale est imposée du dehors par un dieu tyran et castrateur, et ainsi de suite. Les problèmes de l'athéisme, Claude Tresmontant, 1972, Part. II, Chap. III.
« Je vous ai été - et reste - reconnaissante pour vos prières, et reconnaissante envers Dieu pour son amour constant. En effet, j'ai vu sa fidélité. » (Préface du livre La reine servante, publié pour son quatre-vingt-dixième anniversaire)
« Pour moi, en tant que chrétienne, l'un de plus importants de ces enseignements est contenu dans la parabole du Bon Samaritain, quand Jésus pose la question "Qui est mon prochain ?" C'est une histoire intemportelle d'une victime d'agression qui a été ignorée par ses compatriotes mais aidé par un étranger - et en plus par un étranger méprisé. L'implication qu'en tire Jésus est évidente. Tout le monde est notre prochain, peu importe sa race, sa foi ou sa couleur. La nécessité de s'occuper de son semblable est bien plus importante que toute différence culturelle ou religieuse. » (Message de Noël 2004)
« Pour beaucoup d'entre nous, nos croyances ont une importante fondamentale. Pour moi, les enseignements du Christ et ma propre responsabilité devant Dieu offrent un cadre dans lequel j'essaie de mener ma vie. Comme beaucoup d'entre vous, j'ai retiré beaucoup de confort des paroles et de l'exemple du Christ dans les moments difficiles. » (Message de Noël 2000)
Source :
Après une sortie en famille pour entendre la messe chantée dans une église catholique, quand Eleanor avait environ cinq ans, elle avoua ressentir "certains scrupules religieux". Son père, alors "mit les choses au clair", élucidant patiemment l'histoire du charpentier que les hommes riches ont tué. "Nous pouvons pardonner beaucoup au christianisme, lui dit-il, parce qu'il nous a enseigné le culte de l'enfant." Marx Biographie inattendue, Francis Wheen, 1999, p. 212