F.-X. Putallaz - Le libre arbitre n'est pas la liberté

  • La liberté est une propriété de la volonté qui se porte vers ce qui est meil­leur

Avec l’expression « iudicium liberum », on saisit mieux le sens du terme « libre arbitre » : il ne s’agit pas de la liberté, laquelle est une propriété de la volonté qui se porte vers ce qui est meil­leur, mais de la « liberté de choix », c’est-à-dire du juge­ment libre qui oriente l’action. La question [I, 83,] 3 sera donc très délicate : le libre arbitre, qui est cette faculté de choisir en raison d’un jugement ouvert à une pluralité d’objets, ne serait-il pas une faculté cognitive plutôt qu’une faculté appétitive ? N’est-il pas de l’ordre du jugement plutôt que de la volonté ? En démontrant que le libre arbitre n’est rien d’autre que le mode d’exercice de la volonté humaine, Thomas montre que la raison est seulement à la racine du libre arbitre, aucunement à l’origine de la volonté et de son élan foncier. (L'Âme humaine, p. 565, n. 240)

  • Dernière mise à jour le .

Marie-Dominique Philippe

“Liberté” est un terme abstrait. Or saint Thomas, à la suite d’Aristote, montre que nous n’avons pas l’expérience des choses abstraites. La philosophie ne peut donc commencer sur quelque chose d’abstrait. Ce sont nos idées qui sont abstraites ; mais le philosophe part de l’expérience. (...) Nous n’avons pas l’expérience de la liberté, parce que la liberté en soi n’existe pas. La liberté qualifie des actes. On parle d’actes libres, dont on a l’expérience, et l’intelligence essaie, pour mieux comprendre, d’abstraire. On parle alors de “liberté”. CESJ, n° 117, n. 9

  • Dernière mise à jour le .

Molière

"Cette amoureuse ardeur qui dans les cœurs s'excite,
N'est point, comme l'on sait, un effet du mérite ;
Le caprice y prend part, et quand quelqu'un nous plaît,
Souvent nous avons peine à dire pourquoi c'est.
Si l'on aimait, Monsieur, par choix et par sagesse,
Vous auriez tout mon cœur et toute ma tendresse;
Mais on voit que l'amour se gouverne autrement.
Laissez-moi, je vous prie, à mon aveuglement,
Et ne vous servez point de cette violence
Que pour vous on veut faire à mon obéissance."

(Molière, Les Femmes Savantes, Acte V, Scène 1)

  • Dernière mise à jour le .

Paul Valéry

Comment se peut-il que l'affaire de la liberté et du libre arbitre ait excité tant de passion et animé tant de disputes sans issue concevable ? C'est que l'on y portait sans doute un tout autre intéret que celui de d'acquérir une connaissance que l'on n'eut pas. On regardait aux conséquences. On voulait qu'une chose fut, et non point une autre ; les uns et les autres ne cherchaient rien qu'ils n'eussent déjà trouvé. C'est à mes yeux le pire usage que l'on puisse faire de l'esprit qu'on a. La Pléiade, Tome II, Fluctuations sur la liberté, p. 953

  • Dernière mise à jour le .