Hans Urs Von Balthasar - Les méfaits de la communication de masse sur la vie intellectuelle, contemplative et ecclésiale
Je pense aux moyens de communication de masse.
On connaît leur pouvoir de séduction sur les jeunes qui, devant les images qui défilent, ne sont même plus capables de poser la question du sens de la vie. (...) Mais je vois un aspect encore plus préoccupant sur le plan chrétien, et je pourrais en donner de nombreux exemples : dans les presbytères, le prêtre s’assoit le soir devant sa télévision, qu’il ait dit son bréviaire ou non. C’est tout juste s’il ouvre encore un livre. Ce qui se passe aussi dans les cloîtres. Je connais des maisons où les novices restent jusqu’à minuit devant la boîte à images au lieu d’étudier. Et si l’on suit les émissions de télévision dans un Carmel, à quoi sert-il de maintenir une clôture ? On ne saurait calculer combien la prière pour l'Église et pour le monde se perd à cause des médias, de quels trésors Dieu est spolié, de quelle aide indispensable la chrétienté est privée. Il n’y a rien d’étonnant à ce que ceux qui ont désappris l’authentique contemplation chrétienne doivent se remettre de leur nervosité psychologique sur un coussin zen. Il faut beaucoup d’ascèse, une ascèse humaine et chrétienne, pour faire un bon usage des médias, qui constituent quand même et du reste un bien en soi.
Hans Urs Von Balthasar, Henri de Lubac, Entretiens sur l'Eglise, recueillis par Angelo Scola, Cerf, 2022, p. 34
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