Boris Cyrulnik
Le choix est clair, mais il est douloureux. Ceux qui s’engagent sur le chemin de la liberté intérieure perdront leurs amis. Ils seront haïs par ceux qu’ils aiment, comme l’a été Hannah Arendt. Penser par soi-même, c’est s’isoler : l’angoisse est le prix de la liberté. Alors que ceux qui se soumettent à la parole d’un tyran adoré connaîtront un sentiment de sécurité (tous ensemble), un sentiment d’égalité (tous pareils), une gaieté carnassière qui leur permettra de danser sur les charniers, comme l’ont fait les gardiens SS à Auschwitz, les égorgeurs de Pol Pot et les tribunaux d’adolescents chinois émerveillés par le Grand Timonier. (Le laboureur et les mangeurs de vent, 2022, La liberté intérieure)
