Sartre
J.-P. S. – Cette vérité je ne la connaissais pas encore tout entière, loin de là. Je ne la connaissais pas du tout. Mais je l'apprendrais au fur et à mesure. Je l'apprendrais moins en regardant le monde qu'en combinant les mots. En combinant les mots, j'obtiendrais des choses réelles. S. de B. – Comment ça ? C'est important. J.-P. S. – Eh bien ! je ne savais pas comment. Mais je savais que la combinaison des mots, ça donnait des résultats. On les combinait et puis il y avait des groupes de mots qui donnaient une vérité. S. de B. – Ça, je ne comprends pas très bien. J.-P. S. – La littérature consiste à grouper des mots les uns avec les autres : je ne m'occupais pas encore de la grammaire et de tout ça. On combine par l'imagination, c'est l'imagination qui crée des mots comme... « à rebrousse-soleil ». Parmi ces groupes de mots, certains étaient vrais.
