Sur Paul Valéry - « Ayant consacré ces heures à la vie de l'esprit, je me sens le droit d'être bête le reste de la journée »

Durant la nuit orageuse du 4 au 5 octobre 1892, alors qu'il est en vacances à Gênes dans la famille de sa mère, il connait ce qu'il décrit comme une grave crise existentielle. Il en sort non seulement résolu à « répudier les idoles » de la littérature, de l'amour et de l'imprécision, mais aussi à consacrer l'essentiel de son existence à ce qu'il nomme « la vie de l'esprit ». Les Cahiers dans lesquels il s'astreint à noter toutes ses réflexions au petit matin en témoignent. « Après quoi », ajoute-t-il en manière de boutade, « ayant consacré ces heures à la vie de l'esprit, je me sens le droit d'être bête le reste de la journée ». Il oriente son esprit vers de nouvelles valeurs, qu'il estime incompatible avec la création littéraire : la rigueur et la sincérité de l'esprit, et la connaissance de soi.

Il indique à plusieurs reprises qu'il considère cette nuit passée à Gênes comme sa véritable origine, le début de sa vie mentale.

(Wikipedia, Paul Valéry)

Esprit, Bêtise, Sagesse

Paul Valéry

Comment se peut-il que l'affaire de la liberté et du libre arbitre ait excité tant de passion et animé tant de disputes sans issue concevable ? C'est que l'on y portait sans doute un tout autre intéret que celui de d'acquérir une connaissance que l'on n'eut pas. On regardait aux conséquences. On voulait qu'une chose fut, et non point une autre ; les uns et les autres ne cherchaient rien qu'ils n'eussent déjà trouvé. C'est à mes yeux le pire usage que l'on puisse faire de l'esprit qu'on a. La Pléiade, Tome II, Fluctuations sur la liberté, p. 953

Vérité, Liberté, Libre arbitre, Arrière-pensée